La Réunion en long en large et ...en diagonale!
Attention, billet longueur marathon...et même plus!
Les quelques qui passent encore par ici le savent, l'homme de la maison s'est lancé l'an dernier un défi fou, d'ailleurs, c'est même écrit dessus, longuement mûri et préparé des mois durant, oui, il a décidé de courir la Diagonale des Fous...
Et bien voilà, c'est fait, après une année de préparation et d'entraînement intense, et nous, enfin, deux de nous, nous sommes allés le voir, le supporter, l'encourager, et profiter de la plage...
Nous voici donc parties avec melle Maë mercredi 19 comme des fusées (12 h 5 dernier élève rendu, 12h10 dans ma voiture, le truc qui ne m'arrive JAMAIS) pour rejoindre l'homme arrivé sur place depuis mardi matin.
Jeudi: arrivée à St-Denis, le temps de poser une valise chez le nouveau chez soi de miss Maë qui va rester ici après, de récupérer la deuxième kiné de l'homme (accessoirement copine et coloc de notre demoiselle, faut suivre, hein!), on file à Grande Anse poser nos affaires -déjeûner-siester un peu. Sieste suivie du petit briefing-course préparé par l'homme, derniers préparatifs et on file à St-Pierre ...
Le plan: assister au départ, puis sauter dans la voiture et rallier les points de ravitaillement désignés par l'homme à temps pour le voir...et éventuellement lui apporter ce dont il a besoin.
Feuilles de route pour la nuit et lejour et l'autre nuit à venir...Moi pilote melle Maë co-pilote, et miss Copine de Maë soutien moral, quelle équipe de choc! (mais deux kinés pour lui tout seul, quand même!)
Allez hop, c'est le départ!
18h30, sas de départ, ou plutôt "chambre d'appel", vérification du matériel obligatoire, on discute de part et d'autre des barrières encore un petit moment...Et puis on le laisse se concentrer.
19h15: encore 3h à patienter...On mange, pique-nique sur le trottoir, dessert crêpe-café (y en aura besoin!) dans un snack...On attend...un peu stressées, aussi...
22h00: départ, à l'heure! il est quelque part, là...
Ils sont passés trop vite...mais quelle ambiance!
On file à la voiture, démarrer, trouver la route et on monte à Notre Dame de La Paix, premier ravito sur notre feuille. Il fait nuit, on suit des voitures, Melle Maë fait co-pilote, Mathilde à l'arrière en soutien moral, on compte les villages, fastoche, leur nom c'est leur numéro! Puis petite route paumée, on se gare où on peut, mais renseignements pris auprès des habitués il faut encore marcher 2 km avant d'arriver au ravito. C'est parti, avec le sac de bouffe et le bidon de 5 litres bien plein!
Attente, encore, mais pas trop.
Petit arrêt, le plein de boisson, quelques mots, une photo et il repart.
Notre Dame de La Paix; km 25,1; 0h46mn.
Et nous aussi! Re 2km dans la nuit, doublées par des coureurs à encourager, puis voiture, le temps d'envoyer le petit sms de news aux proches, de poster l'aventure sur IG, et on prend la route vers Mare à Boue.
Idem, on se gare comme on peut dans un chemin de terre, le ravito est encore à 2km, Melle Maë fait de savants calculs à partir de la feuile de route et de la vitesse de l'homme, et en déduit qu'on a droit à un petit dodo d'une heure. 40 mn en fait, pas facile de trouver le sommeil, ...
3h du mat et des brouettes, réveil, on reprend le matos, les filles se relaient pour porter, et on y va... 2 km à pied à nouveau, en pleine campagne sous le ciel étoilé, avec des gens un peu partout disséminés, qui encouragent, attendent leur champion(ne) ... Longue attente au ravito, on ne reçoit pas le sms de pointage du ravito précédent, les coureurs passent, on a oublié de compter, on s'esquinte les yeux à lire les dossards dans le contre-jour des frontales, c'est jamais le 73, on commence à gamberger toutes les trois...j'en oublie de faire des photos, tiens!
Bref, et ouf, 4h23, il est enfin là! ( Mare à Boue, km 51,3) Cinq mn d'arrêt, on remplit les gourdes, il grignote, repart.
Nous aussi. Le jour se lève, on reprend la voiture après nos petits 2 km, direction Cilaos. C'est à dire redescendre par Le Tampon, prendre la route des Tamarins, ne pas se tromper de sortie (hum!), faire demi-tour, sortir vers Cilaos, et entamer l'interminable montée et ses 400 virages et tourner, tourner, tourner...
Là-haut se garer, envoyer les dernières nouvelles aux fan-club et...attendre!
Chouette ambiance, percus, danseuses, et toujours du monde qui encourage.
Cilaos, 8h01; km 67,7; toujours le sourire. En 4ème position de sa catégorie, il taquine le podium...mais ne veut pas connaître son classement.
La suite? Pour lui le col du Taïbit puis une dizaine d'heure dans le cirque de Mafate, inaccessible pour nous, une dizaine d'heures à monter et descendre dans tous les sens, en terminant par l'ascension du Maïdo par son célèbre km vertical...
Pour nous tout de suite, petit déjeûner copieux dans un café, puis une heure de dodo dans la voiture pour moi, pas question que je reprenne cette route sans avoir un peu dormi. Les filles se baladent dans Cilaos.
Hésitation sur la journée à venir...mais finalement on décide de filer direct au Maïdo, dans l'espoir de voir passer les premiers.
Loooongue descente, petit stop supermarché pour ravitaillement de nous, puis route des Tamarins, sortie Maïdo sans erreur, et à nouveau on grimpe dans les hauts. Pour les virages, bis repetita, et pas intérêt à se louper sur les bords de route, ici, pas d'accôtements, ...fossé direct.
Là-haut dans les nuages, un peu le flou pour trouver l'accès au ravito mais comme toujours quelqu'un pour nous aider. Et hop, petite grimpette, et à nouveau petit quart d'heure de marche pour arriver, nous voilà reparties avec bidon, sac à dos couverture et duvet (et on a bien fait!) En haut, raté pour le premier, déjà passé, à fond, une heure d'avance sur le second, ce diable de François d'Haene file décidément trop vite, impressionnant!
Looooongue attente, la plus longue de la course, froid et fatigue, on dort un peu, on profite de l'ambiance...sympa, il y a des musiciens, des chansons, on dîne, pique-nique rapide, et on attend encore...
Dans les nuages...
On s'occupe comme on peut, la preuve, un certain nombre de photos débiles...
Pendant ce temps, lui...ben, il s'éclate, en fait!
Maïdo, 20h10; km 115,3
Jusqu'à la nuit...A part le froid, c'est chouette, en fait...
Il arrive enfin...pour une pause toujours aussi courte, malgré le mal aux cannes il ne veut pas s'assoir, ni se faire masser, c'est bien la peine d'avoir deux kinés super pro dans l'équipe de soutien, moi je dis! Bref, toujours dans son truc, concentré, content, fatigué, un peu, mais repart! Et là nous on se dit ça y est,le plus dur est fait, il est sorti de Mafate, le km vertical, Maïdo, toussa,...
ERREUR!!!
Bon, nous on remballe fissa, la descente est longue, et le timing serré pour être à l'étape suivante à Sans-Souci (tu parles d'un nom!). 15 mn de sentier dans la nuit, on loupe quelques balises en papotant. Zut, passées pas loin de se paumer, tiens! Bref, retour à la voiture, et descente tournicotante à nouveau, ...Faut garder les yeux en face des trous, Melle Maë elle copilote, le nez dans la carte et les calculs d'intervalles au taquet. On arrive à Sans-Souci un petit 1/4 d'heure avant lui,...Et là, ouille! Dur dur la descente, le moins que l'on puisse dire c'est que ça ne va plus très fort, muscles endoloris, nausées, et gros coup au moral...
Les kinés entrent en action...
Sans-souci, 22h45; km 128,5
Pause un peu plus longue, donc, on lui trouve l'air un peu paumé (lui dira que non, plus tard, et maintient qu'il était très lucide...)
Il repart. Nous aussi, il lui reste un peu moins de 40 km à parcourir, nos inquiétudes jusque là calmées à le voir si bien se réveillent...La nuit va être longue... On file au ravito suivant, à La Possession, paradoxalement pas très loin pour nous, mais quelle galère pour trouver...Le GPS ne connaît pas l'école Evariste de Parny, il est genre 1 h du mat, autant dire que c'est pas la foule dans les rues pour nous renseigner, petit (gros?) coup de stress...Quand on arrive enfin, il reste deux bonnes heures à attendre...Rhâaaa on va pouvoir doooormiiiiir...
Il nous appelle au moment où on sort de la voiture.
Physiquement, c'est pas beaucoup mieux que tout à l'heure ( en même temps, on voit pas trop comment ça pourrait s'arranger, hein, on est bien d'accord!), mais moralement léger mieux: il s'est trouvé deux compagnons de calvaire, décidés à terminer coûte que coûte. Ils ne peuvent plus courir, aucun des 3, mais en marchant et en se soutenant ça va le faire... (doigts croisés!) Oui, les petits points brillants sur la photo, c'est lui qui rejoint ses camarades...
La Possession, 3h 23; km 146,1.
On reprend la route...Quelques petits km à peine, la fin est plus facile pour nous que pour lui... Un peu de route des Tamarins, sortie La grande Chaloupe, on y est.
La Grande Chaloupe, 5 h 18; km 153,4.
Voilà...C'est fini pour nous...On n'a plus qu'à rejoindre l'arrivée, surveiller les pointages suivants par sms, et ...attendre...
Et qu'elle sera longue, cette attente...
et lui, pendant ce temps...il se balade...
Nous on a bien le temps de voir le jour se lever... de comater un peu...de se mettre à gamberger sévère, aussi...D'imaginer des trucs débiles, le malaise, l'abandon, mais là, si près de finir, c'est juste pas possible...
7 h 34, pointage au Colorado; km 162,4.
Plus que... 4 petits km...et quelques...
Et soulagement, enfin, les voilà!
La Redoute, 8h48; km 167. Ligne d'arrivée franchie, après 34h48mn47s de course; 86 ème au scratch, et 5ème master 2, s'il-vous-plaît!
Bon, évidemment soulagement, larmichette, émotion et embrassades, un peu de mal aussi à réaliser que c'est fini...
La suite? Une bonne douche, de l'ombre, de l'eau, une équipe de kinés aux petits soins (et je vous garantis que là, il fait des envieux!), et une furieuse propension à piquer du nez dès qu'on se pose quelque part!!!
Et parce que c'est pas très glamour comme photo pour terminer, je vous mets aussi un bout du programme du lendemain...
Avec la fine équipe au grand complet! Sans oublier tout ceux qui ont vibré derrières leurs écrans petits ou grands, la famille au taquet sur le tracé GPS, et les copains et copines d'Instagram...qui ont envoyé des messages d'encouragements tout au long de la course, c'était juste génial de voir ça!
A l'arrivée, une bien belle aventure, et pourtant, je n'ai pas toujours trouvé ça drôle, cette année, les entraînements, les courses de préparation, la récup de tout ça, autant vous dire qu'il y a eu des semaines où l'on ne se voyait pas beaucoup, l'homme et moi, et j'ai parfois pesté!...sans compter une certaine inquiétude aussi, une telle aventure n'est pas totalement dénuée de risque, n'est-ce pas, et parfois je sentais bien monter l'angoisse...On me l'aurait dit avant, je ne l'aurais pas cru, moi, que j'allais autant me régaler pendant ces 3 jours...Pourtant depuis le temps je devrais le savoir, que je ne risque pas de m'ennuyer, avec cet homme là!
Allez, une petite grille officielle des passages, et je vous laisse retourner à vos moutons!
Edit du 1er novembre: voilà voilà, pour les attentifs,
j'ai corrigé le temps, 34h bien sûr, pas 3h ,
il est balèze mais quand même !